Deux. Cinq. Dix. Cora était patiente, mais là les serpentards y allaient fort. Le cours avait commencé depuis 20 minutes et elle collectionnait les boulettes de parchemins depuis. C’était ça d’être la première de la classe et la fille de la famille qui accueillait les nés-moldus. Elle enviait Néphélie, sa sœur jumelle qui elle, au moins, ne se laissait pas marcher dessus. En même temps, Cora ne sait pas comment faire pour en vouloir aux autres. Pourtant, alors que la treizième boulette s’accroche à ses longs cheveux noirs, elle craque et se tourne vers les deux serpentards, hilares. Elle ne reconnait que l’un des deux, Balthazar Selwyn. Le deuxième n’est qu’un crétin qui suit les autres. « Vous avez rien d’autre à faire ? » Balthazar lui adresse un petit sourire. « C’est l’effet que me font les lèches-bottes des sangs de bourbes… » Corabelle le regarde un instant, abasourdi, la tête sur le côté. Elle hausse finalement les épaules et se concentre de nouveau sur son cours. Puis arrive la quatorzième boulette. Cora se fait un instant la réflexion qu’ils finiront par se lasser et qu’en plus, ils manquent cruellement d’imagination. Ils ont une baguette magique mais ne trouve rien de mieux que des boulettes ? Si au moins elles étaient enchantés. Et de quinze. « Faut que je fasse quoi pour avoir la paix ?! » « Joue à un jeu avec moi. »

Cora a un sourire en découvrant un petit parchemin au fond de son sac. Un autre message de Balthazar. Il s’est passé deux ans depuis l’affaire des boulettes, deux ans qu’ils ont mis en place ce jeu idiot. Balthazar lui demande de faire une chose et si elle ne le fait, il recommence à la taquiner. Si au début, il demandait en général des trucs comme de faire son devoir pour le cours de potion ou d’ignorer un personne toute une journée, maintenant, il demande des choses bien plus simple. Parfois, il ne laisse un mot que pour parler et là, elle n’a qu’une chose à faire, lui répondre. Qui aurait cru qu’elle pourrait avoir de telles conversations avec un de ses imbuvables serpentards. Aujourd’hui, il lui demande juste de venir la rejoindre dans le parc. « Pourquoi tu souris comme ça ? » Cora relève la tête vers sa sœur jumelle. Elle en avait presque oublié sa présence. « Pour rien. » C’était l’une des règles de ce jeu idiot. Ne pas parlez de ça à quelqu’un d’autre. Et ça lui allait parfaitement à elle. Comme s’ils avaient leur secret à eux, une chose qui ne regardait personne d’autres. « Cora, on a le même visage. Je sais quand tu es heureuse ! » Elle pousse un soupir. « D’accord, écoutes, je peux pas tout te dire, mais… Je crois que je suis en train de tomber amoureuse, Ephé. » Sa jumelle se met à son tour à sourire. « Mais, je crois que c’est impossible comme histoire. » Néphélie hausse les épaules. « Tu sauras pas sans essayer ! »

Son pas est presque sautillant alors qu’elle se dirige vers le lieu de rendez-vous. L’audace a jamais été le fort de Cora, mais après tout, sa sœur a raison. Qui ne tente rien n’a rien. Et puis, dans quelques mois, ils quitteront Poudlard et les mots cesseront. C’était maintenant ou jamais. Elle le voit alors au loin. Lorsqu’il la remarque, elle ne peut que voir le sourire qui traverse son visage pour s’éteindre aussi vite alors qu’une bande de serpentard la dépasse et se dirige vers lui. « On te cherchait Balthazar ! Tu fiches quoi ici ? T’attends une fille ? » Ils voient alors Cora, qui s’est stopper à mi chemin, fixant le groupe de garçon, ne sachant plus trop quoi faire. « C’est pas elle quand même ? » Balthazar détourne alors le regard de la jeune fille et se met à rire sous cape. « Une amoureuse des sangs de bourbes ? Tu me prends pour qui ? » Il ne suffisait pas de plus pour que toutes les bonnes résolutions de Corabelle s’efface. Elle le savait pourtant, il restait un serpentard, fier de son sang-pur. Alors qu’elle était la fille d’une moldu, amie avec beaucoup de nés-moldus. Elle fait alors demi-tour, retenant ses larmes. Elle vit sa première déception amoureuse, sans même avoir eu une véritable histoire. Pathétique.

« Cora, tu vas pas rester dans le compartiment toute seule. C’est la fin de l’année. Notre dernière année ! Profitons une dernière fois de nos camarades. » Corabelle sourit à sa jumelle. Elles sont dans le train qui les ramène à la gare King’s Cross. Néphélie, veut passer les derniers instants avec leur amie et Alexanne la suit, bien sur. « Je vous rejoins, d’accord ? Je veux juste âtre toute seule un instant. Faire mes adieux à notre école. » Néphélie hoche la tête et pousse sa petite sœur à la sortie du compartiment. Elle s’arrête tout de même un instant, avant de sortir. « Tu veux toujours pas me dire le nom du salaud qui t’a brisé le cœur ? Laisses moi te venger, s’il te plait. » Cora se met à rire doucement. « Il n’y a rien à venger. Je me suis fait des idées, c’est tout. » Sa sœur fait une moue dubitative, pas vraiment convaincue. Néanmoins, elle sort et fait coulisser la porte derrière elle. Corabelle se tourne alors vers la fenêtre, regardant Poudlard s’éloigner. Elle devait dire adieu à la vie telle qu’elle la connait. Elle allait devoir réintégrer la chambre qu’elle partage avec sa sœur jumelle chez leurs parents. Les choses changeait pas de doute. La porte du compartiment s’ouvrit alors de nouveau. « Ephé, je t’ai dit que j’arri… » Elle se stoppe en voyant que ce n’est pas sa jumelle qui se tient là, mais une tout autre personne. « Balthazar ? Mais pourquoi… » Il referme la porte et se retourne vers elle. « Pourquoi t’as passé ton temps à m’ignorer ses derniers temps ? » Elle ferme un instant les yeux, en soupirant. Elle ne voulait pas avoir cette conversation. Après l’avoir vu dans le parc, elle avait ignoré tout ses mots. Il avait alors recommencé à la taquiner, pas aussi méchamment qu’avant, elle devait l’avouer. Il se lassait au bout de deux boulettes. Et à chaque fois qu’il essayait de lui parler, elle trouvait toujours une excuse. « Dans quelques minutes, on pourra ne plus jamais se revoir. Sauf, si c’est pas ce que tu veux… » Elle se lève alors d’un bond. « Parce que toi, tu veux continuer à voir une amoureuse des sangs de bourbes, selon ta propre expression… » Il la regarde alors, choqué. « C’était ça alors ? Tu refusais de me parler à cause de ça ? Pourtant, tu devrais savoir que je ne pense pas un mot de tout ça ! Bon sang, je pensais que tu me connaissais mieux que ça. » « Mais je le sais, et c’est ce qui me tues. Je serais toujours que ton amie secrète, parce que tu continues à jouer le rôle que ta famille et tes potes veulent que tu sois. Et moi comme un idiote, je suis tombée amoureuse de toi, alors que je sais parfaitement que tout est impossible, parce que je serais toujours celle que je suis et toi tu seras toujours ce sang pur fier de sa famille. » Elle s’attend à une réaction, mais pas à celle qui viens. Il pose ses deux mains sur le visage de la jeune fille et l’embrasse alors. Elle se laisse faire, un instant, abasourdie, avant de finalement le repousser. « Ca suffit, arrêtes ! » « Moi aussi, je t’aime, Cora. »  Elle le fixe, émue par ce qu’il vient de dire. Elle a espérer pendant si longtemps d’entendre ça, mais elle le sait que ce n’est pas possible. « Et tu le redirais devant tes potes serpentards ? Si t’en es pas capable, vas t-en. Je mérite mieux que de simples mots cachés. »

Corabelle descendit les escaliers, encore dans le brouillard. Elle était rentré tard la veille, après un accouchement particulièrement long. « Tu as reçu du courrier. » Lui annonce alors sa mère. « Un hibou si tôt ? » Alexanne se met alors à rire. « Non, par la poste moldu ! » Cora crache alors la moitié du jus d’orange qu’elle avait déjà mis dans sa bouche. « Parce que le facteur connait notre adresse ? » « Tu aurais du le voir. Il avait l’air totalement perdu, le pauvre. » Curieuse, Cora attrape finalement la lettre, avant de se figer en regardant l’écriture. « Alors tu sais qui c’est ? Il y a pas d’adresse d’expéditeur. » « Je… euh… Je reviens. » Elle remonte alors l’escalier, cette fois-ci totalement réveillé, laissant sa petite sœur et sa mère totalement abasourdie. Elle rentre dans sa chambre et referme la porte derrière elle, avant de s’accroupir devant son lit et de sortir une boite. Elle en sort alors des petits parchemins et compare l’écriture de l’enveloppe à celle des petits mots échangés par deux adolescents. Elle était sure d’avoir reconnu cette écriture, après tout, combien de fois l’avait-elle vue ? Encore aujourd’hui, il lui arrivait de relire ses petits mots, qu’elle garde comme son bien le plus précieux. Elle ouvre alors l’enveloppe et lit la première lettre de Balthazar en cinq ans. Quelques minutes plus tard, elle a trouvé au fond d’un tiroir, du papier moldu, un vieux cadeau de sa mère dans l’espoir de lui montrer son monde à elle. Balthazar lui a laissé une adresse pour qu’elle puisse répondre et même si au fond d’elle elle se dit qu’elle est encore en train de faire une erreur, elle ne peut s’empêcher de lui répondre.

« Alors ta soirée ? » lui demandait Néphélie alors qu’elle claquait la porte dans son dos. « On a rompu… » « Encore ! » s’exclame alors Alexanne. Cora se laisse choir sur le canapé entre ses deux sœurs. « J’arrive pas à tomber amoureuse d’eux. Et à partir du moment qu’ils se mettent à parler d’avenir, je flippe et … » Alex la regarde, pas convaincu. « Ou c’est ton correspondant secret qui utilise la poste moldu. » Cette fois, c’est sa jumelle qui est surprise. « Un correspondant ?! C’est pas le type qui t’as brisé le cœur à Poudlard, j’espère… » Corabelle lâche un soupir. « C’est lui, mais ça n’a rien à voir, on échange des lettres, c’est tout… » Mais ses sœurs n’ont pas l’air des plus convaincus. Après tout, c’était encore plus impossible aujourd’hui entre Balthazar et elle. Si avant elle était la fille de ses fous qui accueillaient des gamins nés moldus, aujourd’hui, elle était la sage-femme qui mettait en confiance les femmes qui mettaient au monde un enfant de ses gamins. Et lui, il restait toujours un Selwyn. Ils ne côtoyaient pas les même monde. La seule chose qui les reliait, était ses lettres…

" Balthazar, c'est ça ? " Le jeune homme se retourna vers elle et esquissa une moue surprise : " Cora ? " Un petit sourire se dessina sur le visage de la brunette et elle secoua la tête : " Néphélie. Sa jumelle. Serpentard comme toi, tu peux le constater." lâcha-t-elle fièrement en désignant sa robe et l'insigne. Le jeune homme était en compagnie de plusieurs amis à lui mais elle ne se laissa pas démonter : " Je sais ce que tu penses de ma soeur et des gens comme ... nous. Mais si ma soeur te laisse gentiment faire, je ne suis pas elle, d'accord ? Je refuse que tu continues de t'en prendre encore à elle. Et crois-moi, si tu ne m'écoutes pas, je saurais te faire passer l'envie de recommencer ... " Lynlyn lui avait appris quelques tours de magie noire plutôt sympa et bien que la jeune femme ne soit pas très encline à les utiliser, elle était prête à tout pour protéger sa jumelle. Même au pire. " Tu crois que tu me fais peur ? Vraiment ? " Il avait mis un peu de temps à réagir et Néphélie en conclut qu'il était plus effrayé qu'il ne voulait le montrer. Il laissa échapper un rire et se retourna vers ses potes : " Regardez les mecs. Les Sangs-Mêlés n'ont plus peur de rien apparemment. Ils n'ont pas encore compris qui dominaient ... " Ses potes laissèrent échapper quelques rires mais Néphélie se contenta de hausser les épaules : " Considère toi juste comme prévenu." Et elle tourna les talons sans attendre sa réponse.