Corabelle rangeait ses potions, tout en les comptant. Deux femmes arrivaient au terme de leur grossesse cette semaine. Cora devait donc faire attention à ce que tout ses stocks soient au point. Il valait mieux être prévoyant et parée à toutes situations. Elle avait donc des potions de régénération sanguine, des potions pour la douleur et tout un tas d’autres potions pour aider ou sauver une mère et son enfant. Elle avait tout. Ce qui la rassurait, parce qu’elle n’avait aucune envie de faire des potions aujourd’hui. Elle avait la tête ailleurs. La tête avec Balthazar. Depuis qu’elle avait reçu cette première lettre, dés qu’elle avait un instant de libre, elle pensait forcément à lui. Ce qui était loin d’être bon pour elle et sa santé mentale. Elle ferait mieux de l’oublier et de passer à autre chose. Mais elle en était incapable. Et à chaque lettre qu’elle recevait, elle pouvait de moins en moins le faire. Elle se détestait presque d’être aussi faible. Sans doute pour ça, qu’après avoir poser sa sacoche de sage-femme dans un coin elle se dirige vers son bureau et ouvre le tiroir du haut pour en tirer la lettre posée au dessus. Le dernière qu’elle est reçue. Elle se met à la lire, pour la centième fois. Elle est tellement dans sa lecture qu’elle n’entend même que sa sœur est en bas. Elle ne l’entend que quand elle fait iruption dans sa chambre, la faisant sursauter. « Cora ! » Elle met la lettre dans le tiroir et le referme brusquement, la cachant à sa jumelle. Il y avait des choses que Néphélie n’avait pas besoin de savoir, elle détestait déjà Balthazar, pas la peine d’en rajouter. « Néphélie ! Qu'est ce que tu fais là ? » Cette dernière s’installe sur le lit. « J'avais envie de passer un peu de temps avec toi. » Corabelle a un sourire et se retourne, la main toujours sur le tiroir. « Tu sais que même si on a partagé cette chambre pendant des années, tu as le droit de frapper à la porte. » Cora savait pertinemment que sa sœur ne le ferait jamais. Et en réalité, elle ne s’en plaignait pas. Elle aimait sa jumelle comme ça et ne la changerait pour rien au monde. Elle s’éloigna du bureau, espérant qu’Ephé n’est pas remarqué sa gêne. Elle s’installa sur le lit à son tour auprès de sa jumelle. « Dis-moi la vérité, pourquoi tu es là ? » Elle connaissait Néphélie par cœur et passer à la maison à l’improviste pour passer du temps avec sa jumelle ne lui ressemblait pas du tout. En général, elle prévenait de sa visite avant. Ou alors elle venait sans prévenir pour faire une surprise ou taquiner sa famille. Mais Cora savait pertinemment que là, ce n’était rien de tout ça. « Je connais ton regard. J’ai le même quand je veux me confier. Alors lâches le morceau. » C’était presque devenue une blague entre elles de dire qu’elle avait le même visage. Cora aimait dire que quand Néphélie testait une nouvelle coiffure, elle pouvait au moins savoir si ça lui irait ou pas. Tout comme elle savait lire toute les émotions de sa jumelle, parce qu’elles apparaissaient de la même manière sur le sien. Mais le véritable lien des jumelles, venaient peut-être de cette capacité qu’elles avaient de savoir lorsque l’autre allait mal, alors qu’elles n’étaient pas côté à côte.

Le lien qui unit les jumelles est bien souvent difficile à comprendre de l’extérieur. Beaucoup se sont sentis exclus à cause de ça. Alexanne la première. Etre la petite dernière de la famille était déjà bien compliquée, mais se retrouver seule avec deux sœurs à qui il suffisait d’un regard pour se mettre à rire pouvait vite être déprimant. C’était plus facile de les prendre séparément. Ce que Cora avait fini par s’efforcer à faire quand elle s’en était rendue compte. Ce qui avait été facile en vivant sous le même toit. D’autant plus lorsque Néphélie a décidé d’avoir son indépendance en quittant le cocon familial. Mais cela ne l’empêchait de continuer a faire comme si elle vivait ici. Ce que Corabelle lui dit, tout en souriant tout de même. Ca ne la dérangeait pas vraiment que sa sœur débarque sans frapper. Sauf quand elle avait des trucs à cacher. « Oui, oui. Je ferais attention la prochaine fois. » Cora eut un petit rire. Elle n’y croyait pas le moins du monde. « Je le croirais quand je le verrais. » Et dans le fond, ça ne la rendait pas vraiment triste.  Mais bon, elle penserait à l’impolitesse de sa sœur à un autre moment, parce que là, elle voyait tout de suite qu’elle avait besoin d’autre chose. « Tu me connais trop bien Cora. Qu'est ce que tu cachais dans ton tiroir ? » D’instinct, la jeune femme tourna la tête vers le tiroir. « Toi aussi tu me connais trop bien. » Elle n’avait pas vraiment envie de parler de ce qu’elle cachait. Mais elle savait aussi que si elle se montrait en partie sincère, Néphélie n’insisterait pas. Du moins pas trop. « C’est juste une lettre que je relisais. » La vérité mais pas toute. «  Quand tu m'auras dit, je te dirais aussi. C'est Ezechiel. » Les yeux de Corabelle s’agrandir comme des soucoupes. Décidemment les hommes de leur vie avaient décidés de refaire surface. « Il est de retour. Enfin ... Plus ou moins. » Du coup, Corabelle s’assied plus correctement dans son lit. En voila des révélations. Après Balthazar qui donnait de ses nouvelles, s’était le tour de son meilleur ami de faire son retour dans la vie de sa jumelle. « Tu m’expliques ou je te tire les vers du nez ? » Cora pouvait sans peine imaginer dans quel état devait être Néphélie. Après tout, elle-même avait ressenti ça, lorsque la première lettre était arrivé. Complètement chamboulée. Mais au moins, elle n’avait pas vu son visage, c’était contenté de lui écrire, encore et encore. Cela devait être encore plus dur pour Néphélie. « Tu vas bien ? »