Premier jour.
Mince, j’allais être en retard. Pour une première journée dans mon nouvel emploi, ce n’était pas fameux. Je ne souhaiterais pas me faire remarquer, je préférais me fondre dans la masse. Soupir, je secouais l’épaule de Billius à côté de moi, qui dormait comme un loir. « Billius, je vais être en retard. Pourquoi as-tu arrêté le réveil, bon sang ?! » Je sortis du lit en emportant le drap avec moi, m’enfermant dans la salle d’eau pour une toilette rapide. Je sortis moins de dix minutes plus tard fraîche et prête. Je lançais le drap à Billius encore étalé sur le matelas. « Espèce de feignant ! » Il fit un signe de la main et je souriais, venant l’embrasser tendrement avant de partir. Je n’avais pas le temps d’avaler quelque chose pour me remplir l’estomac. Je quittais notre appartement pour marcher dans les rues froides londoniennes. Direction, le centre-ville et plus précisément, le magasin de Purge & Pionce Ltd. Il me fallut environ une dizaine de minutes pour m’arrêter devant la vitrine, observant les mannequins. Replaçant une mèche rebelle de ma crinière blonde, je m’adressais d’une voix douce aux mannequins : « Bonjour, je viens pour mon premier jour de travail. » Je passais la vitrine pour rejoindre le grand hall, allant directement me présenter à l’accueil. Une jeune femme me guida jusqu’à l’aile du personnel afin d’enfiler une robe verte avec le signe de l’hôpital au niveau de ma poitrine, une baguette et un os croisés. Au moins, on ne m’avait pas fait de remarque sur mon retard, mais je doutais que cela passe inaperçu. Lorsque je fus vêtu, je rejoignis l’accueil où elle m’indique l’étage dans lequel je devais me rendre. J’allais être sous la coupe d’un Médicomage. Hochant de la tête, j’allais jusqu’à l’ascenseur non sans un sourire après avoir parcouru l’écriteau. Aujourd’hui, j’étais au premier, service des blessures par créatures vivantes. Si je pensais avoir vu beaucoup pendant la guerre, j’allais être surprise de ma journée. Première chambre, premier patient. J’eus un haut-le-cœur dès que je le vis. Chair brûlée, ses cheveux avaient disparu. Il était horrible, l’odeur de sa peau encore chaude me donnait le vertige. Lorsqu’un lambeau de peau tomba sur ma main, je ne pus retenir un frisson.

Second jour.
J’étais rentrée complètement éreintée la veille, si bien que j’étais allée me coucher directement, sans passer par la case repas ni même câline avec Billius. Ce matin, c’est lui qui me réveilla bien avant l’heure, caressant mon visage de ses mains larges. « Alors, ta journée d’hier ? » Je grimaçais, déformant mes traits gracieux et il eut un rire. « Les blessures causées par des créatures vivantes sont atroces, je n’ai même pas pu manger hier midi, tant j’avais l’estomac retourné. J’espère que je ne suis pas affectée à ce service aujourd’hui. » Il déposa un baiser sur mon front, me rassurant légèrement. Nous fîmes l’amour et je me levais pour me préparer, avalant un bon petit déjeuner avant de partir. Je repris le même chemin, mais une fois sur place, je n’allais pas voir l’accueil, mais j’allais directement jusqu’à mon planning affiché pour voir où j’allais. Quatrième étage, service de pathologie des sortilèges. Un sourire aux lèvres, j’allais enfiler ma robe verte pour monter. Je saluais une jeune infirmière que j’avais rencontrée la veille, nous avions le même planning apparemment. Elle me confia que le Médicomage de notre étage était vraiment beau. Je haussais des épaules, me rendant dans la première chambre. « Bonjour Monsieur Grover. » Je feuilletais rapidement le classeur qui expliquait ce qu’il s’était produit. Une autre voix pénétra la pièce, le Médicomage. Je me retournais vers lui afin de me présenter. Choque. J’en lâchais mon classeur qui tomba sur le sol, mon regard dans le sien. Je me raidis, tentant de reprendre contenance. « Bonjour Monsieur Dashow. » Je ramassais le classeur en lui donnant, évitant son regard pour me concentrer uniquement sur le patient. Être professionnelle. Ces mots que je me répétais inlassablement. Pourquoi lui, ici ? J’écoutais patiemment ce qu’il disait, j’étais là pour apprendre. Mais j’étais également chamboulée par toutes les images de notre passé commun qui me revenait avec force. Non, je ne l’avais pas oublié comme je l’espérais. Mon cœur battait trop vite pour cela. Il donna les prescriptions à faire, les potions à donner. Sortir, je pouvais enfin quitter cette pièce et prier pour ne plus le recroiser.